Les traders sont souvent présentés comme des professionnels froids et rationnels, mais les biais cognitifs peuvent impacter négativement leurs performances.
Si les traders ne parviennent pas à reconnaître et surmonter ces biais, ils risquent de prendre des décisions de trading coûteuses et irréfléchies.
Cet article explore les effets des biais cognitifs sur les performances de trading et présente des stratégies pour les surmonter afin d’améliorer les résultats :
I – L’excès de confiance : le piège de l’auto-suffisance
1. La surévaluation des compétences
L’excès de confiance pousse les traders à croire qu’ils ont un meilleur contrôle sur le marché qu’ils n’en ont réellement.
Cette surévaluation de leurs compétences peut provenir d’expériences passées réussies ou d’un sentiment d’expertise illusoire.
D’après une étude menée par la London School of Economics, 65% des traders tombent dans ce piège.
Cela les amène à prendre des risques démesurés, à agir impulsivement et à négliger la gestion des risques, augmentant ainsi les chances d’échecs et de pertes financières.
2. Les conséquences financières
Lorsque les traders sont trop confiants, cela peut entraîner des conséquences financières désastreuses, comme des pertes massives ou la faillite d’entreprises.
En prenant des positions trop importantes ou en ignorant les signaux d’alerte, les traders mettent en péril non seulement leur propre capital, mais aussi celui des investisseurs.
L’exemple de Nick Leeson en 1996, qui a provoqué la faillite de la banque Barings avec une perte de 1,3 milliard de dollars, montre à quel point l’excès de confiance peut être dangereux et coûteux pour les traders et les institutions financières.
3. Comment combattre l’excès de confiance
Pour surmonter l’excès de confiance, les traders doivent adopter une évaluation réaliste de leurs compétences et performances.
L’utilisation de journaux de trading permet de suivre les résultats et d’identifier les erreurs.
Le mentorat et la formation continue contribuent au développement de connaissances approfondies du marché, réduisant ainsi la surconfiance.
En outre, la collaboration avec des pairs et l’échange d’idées favorisent une prise de décision équilibrée et une meilleure gestion des risques.
II – L’aversion aux pertes : quand la peur nuit à la performance
1. L’impact psychologique
L’aversion aux pertes, un biais cognitif, incite les traders à éviter les pertes plutôt que de rechercher des gains similaires.
Cette crainte les pousse à maintenir des positions déficitaires trop longtemps, espérant un retournement du marché.
D’après Daniel Kahneman, psychologue et économiste, la perte provoque un impact psychologique environ deux fois plus important que celui d’un gain, amplifiant ainsi les émotions négatives et les comportements irrationnels chez les traders.
2. L’amplification des pertes
L’aversion aux pertes conduit les traders à maintenir des positions déficitaires trop longtemps, aggravant ainsi leurs pertes.
Ce comportement découle de la réticence à accepter les pertes et de l’espoir d’un retournement favorable du marché.
L’étude réalisée par l’Université de Californie souligne l’importance de couper rapidement les pertes, en révélant que les traders retenant ces positions perdent en moyenne 35% de plus que ceux qui les clôturent rapidement.
Cette situation met en évidence la nécessité d’une gestion des risques efficace pour limiter l’impact des pertes et favoriser une meilleure performance globale.
3. Gérer l’aversion aux pertes
Pour gérer l’aversion aux pertes, il est crucial pour les traders d’accepter que les pertes font partie du processus de trading.
Ils doivent élaborer des stratégies de gestion des risques, comme déterminer des stop-loss pour limiter les pertes potentielles et s’assurer de prendre des décisions basées sur des analyses objectives plutôt que sur des émotions.
L’utilisation de simulations de trading permet aux traders de se familiariser avec divers scénarios de marché et d’améliorer leurs compétences de prise de décision sans risquer de réelles pertes financières.
De plus, la pratique de la méditation peut aider à gérer le stress et à rester concentré, ce qui contribue à réduire l’aversion aux pertes.
III – L’ancrage : s’accrocher à des valeurs obsolètes
1. Le poids des premières informations
L’ancrage est un biais cognitif poussant les traders à attribuer une importance excessive aux premières données rencontrées, négligeant ainsi les informations récentes.
Cela les conduit à se fixer sur des prix d’achat ou de vente désuets, résultant en des décisions de trading inappropriées face aux fluctuations du marché.
L’attachement à ces premières informations peut créer une résistance au changement et une mauvaise réactivité face aux nouvelles tendances, rendant difficile l’adaptation aux conditions changeantes et limitant la capacité à saisir de nouvelles opportunités d’investissement.
En fin de compte, l’ancrage peut compromettre la performance globale des traders.
2. L’exemple du krach boursier de 2008
Le krach boursier de 2008 met en lumière les effets néfastes de l’ancrage.
Face aux signes avant-coureurs d’une détérioration du marché immobilier, de nombreux traders ont persisté à investir dans des actions liées aux subprimes, persuadés que la tendance haussière se maintiendrait.
Cette fixation sur des informations initiales, au détriment de données récentes, a entravé leur capacité à adapter leurs stratégies. En conséquence, ils ont contribué à l’effondrement des marchés financiers.
Cet exemple montre l’importance de remettre en question les hypothèses et d’être réceptif aux nouvelles informations pour éviter les erreurs de jugement dues à l’ancrage.
3. Surmonter l’ancrage
Pour surmonter l’ancrage, les traders doivent cultiver la flexibilité et l’ouverture d’esprit, en remettant continuellement en question leurs hypothèses et convictions.
Il est crucial de suivre activement les dernières tendances, les nouvelles du marché et les analyses d’experts pour éviter de s’enliser dans des informations obsolètes.
L’adoption d’outils d’analyse technique et fondamentale peut faciliter l’ajustement des stratégies en fonction de l’évolution du marché.
De plus, les traders doivent s’efforcer de développer une approche équilibrée, en évitant de s’appuyer uniquement sur des informations antérieures et en tenant compte de multiples perspectives pour mieux anticiper les mouvements du marché.
En conclusion :
Les traders, souvent perçus comme des professionnels froids et rationnels, sont en réalité soumis à des biais cognitifs qui peuvent affecter négativement leurs performances.
En explorant et en comprenant l’excès de confiance, l’aversion aux pertes et l’ancrage, ils peuvent développer des stratégies pour surmonter ces biais et améliorer leurs résultats.
La reconnaissance de ces défis psychologiques et l’adoption d’approches fondées sur l’analyse et la gestion des risques sont essentielles pour réussir dans le monde compétitif du trading.
En fin de compte, le succès des traders dépend de leur capacité à gérer leurs émotions, à rester informés et à prendre des décisions éclairées dans un environnement en constante évolution.
