La surconfiance sur les marchés financiers : une recette pour le désastre à venir

Même les experts financiers les plus aguerris peuvent succomber au piège de la surconfiance, un biais cognitif qui peut conduire à des erreurs financières coûteuses.

Lorsqu’on cède à l’illusion d’un contrôle total, la balance bascule de la prise de décision rationnelle vers l’impulsivité, mettant ainsi en danger nos précieux investissements.

Dans cet article, nous explorons les différentes manières par lesquelles la surconfiance peut saboter votre jugement financier et vous proposons des stratégies pour identifier, contrôler et finalement minimiser son impact sur vos décisions d’investissement :

La surconfiance sur les marchés financiers : une recette pour le désastre
La surconfiance sur les marchés financiers : une recette pour le désastre

I – Les conséquences dévastatrices de la surconfiance

1. L’effet de la surconfiance sur la prise de risques

L’effet de la surconfiance sur la prise de risques est un phénomène bien documenté dans la littérature financière.

Une étude de l’Université de Californie (Barber & Odean, 2001) a révélé que les traders surconfiants échangent 45% plus que leurs homologues plus prudents, ce qui réduit leurs rendements nets d’environ 2.65% par an.

Cette suractivité est alimentée par une conviction erronée en leur propre habileté à prédire le marché.

Cela illustre comment la surconfiance peut conduire à une prise de risque excessive, nuisant finalement à la performance financière.

2. Exemple de pertes financières majeures

Le cas de Bill Ackman illustre parfaitement les dangers de la surconfiance.

En 2015, son fonds, Pershing Square Capital Management, a acquis une participation massive dans Valeant Pharmaceuticals, pariant que l’entreprise continuerait sa trajectoire de croissance rapide.

Malgré plusieurs drapeaux rouges, dont une enquête sur les pratiques de tarification de Valeant et des questions sur sa stratégie d’acquisition, Ackman a maintenu sa position, affirmant que les préoccupations du marché étaient sans fondement.

Cette décision s’est avérée désastreuse.

Valeant a fini par s’effondrer, entraînant une perte de près de 4 milliards de dollars pour Pershing Square.

3. L’impact de la surconfiance sur le jugement financier

La surconfiance a un impact tangible sur le jugement financier, en particulier en ce qui concerne l’évaluation des risques et des récompenses.

Selon une étude de l’Université de Cambridge (2012), les investisseurs surconfiants sont plus susceptibles de sous-estimer la variabilité des rendements et de surestimer les rendements moyens attendus.

Cela conduit à des investissements potentiellement surestimés et une allocation disproportionnée des ressources vers des actifs à risque.

En d’autres termes, la surconfiance peut provoquer des erreurs de jugement qui mènent à des décisions financières inefficaces et potentiellement destructrices.

II – Les biais cognitifs induits par la surconfiance

1. L’illusion de contrôle

L’illusion de contrôle est un biais cognitif où les individus croient qu’ils peuvent influencer des événements qui sont, en réalité, largement hors de leur contrôle.

Dans le contexte du marché financier, la surconfiance peut alimenter cette illusion.

Par exemple, une étude de l’Université de Leeds (Fenton-O’Creevy et al., 2003) a montré que les traders qui se sentent en contrôle de leurs investissements ont tendance à prendre des décisions plus risquées et à obtenir des rendements inférieurs.

Ce sentiment fallacieux de contrôle peut ainsi conduire à des prises de risques inutiles et des performances financières médiocres.

2. Comment la surconfiance a conduit à la faillite de la Banque Barings

Nick Leeson, un trader pour la Banque Barings, illustre tragiquement comment la surconfiance peut mener à une catastrophe financière.

En 1995, Leeson a accumulé des positions à risque énormes sur le marché des futures sur l’indice Nikkei, pensant qu’il pouvait gérer et contrôler les risques associés.

Malheureusement, après un tremblement de terre dévastateur à Kobe au Japon, le marché s’est effondré, entraînant des pertes massives pour Barings.

Incapable de couvrir les pertes, la banque a été contrainte à la faillite.

Leeson, dans son aveuglement surconfiant, a ignoré les signaux d’alarme et a misé l’avenir de la banque, entraînant sa chute.

3. L’effet de la surconfiance sur la perception du risque financier

La surconfiance peut fortement biaiser notre perception du risque financier.

Une étude publiée dans le Journal of Economic Behavior & Organization (Glaser et Weber, 2007) révèle que les investisseurs surconfiants ont tendance à sous-estimer la volatilité des marchés, ce qui conduit à une sous-évaluation du risque.

Cette perception déformée du risque peut conduire à des décisions d’investissement imprudentes, car les investisseurs surestiment leurs capacités à prédire les fluctuations du marché et minimisent les conséquences potentiellement désastreuses de leurs actions.

Cela peut se traduire par une surexposition à des actifs risqués et, ultimement, à des pertes financières significatives.

La surconfiance peut biaiser la perception du risque financier
La surconfiance peut biaiser la perception du risque financier

III – Surconfiance et désinformation

1. L’effet de désinformation et sa relation avec la surconfiance

L’effet de désinformation est une forme de biais cognitif qui se produit lorsque les individus continuent de se fier à des informations désuètes ou incorrectes, même lorsqu’elles sont confrontées à des preuves contraires.

Dans le contexte financier, la surconfiance peut amplifier cet effet.

Les investisseurs surconfiants peuvent ignorer ou rejeter de nouvelles informations qui remettent en question leurs croyances existantes, un comportement qui peut avoir des conséquences financières dévastatrices.

Par exemple, une étude de l’Université de Berkeley (Odean, 1998) a révélé que les investisseurs qui font preuve de surconfiance sont moins susceptibles de vendre des actions sous-performantes, en partie à cause de l’effet de désinformation.

2. La chute de Lehman Brothers

Lehman Brothers offre un exemple poignant de l’effet dévastateur de la surconfiance et de la désinformation.

Avant la crise financière de 2008, Lehman Brothers était l’une des plus grandes banques d’investissement au monde.

Cependant, sa confiance inébranlable dans le modèle d’affaires des hypothèques subprimes, malgré les signaux d’alarme évidents, a conduit à sa chute.

Ignorant les avertissements sur le risque croissant de ces produits financiers, Lehman a continué d’investir massivement dans les hypothèques subprimes.

Lorsque le marché de l’immobilier s’est effondré, Lehman a été laissé avec des pertes énormes qu’il ne pouvait pas couvrir, conduisant à sa faillite en septembre 2008.

3. Évaluation des nouvelles informations financières pertinentes

La surconfiance peut brouiller notre capacité à évaluer et à intégrer de nouvelles informations financières de manière appropriée.

Une étude de l’Université de Stanford (Ho, Wang & Weisbenner, 2018) a montré que les investisseurs surconfiants ont tendance à ignorer ou à minimiser l’importance des nouvelles informations négatives, ce qui peut les amener à maintenir des positions d’investissement non rentables plus longtemps que nécessaire.

En outre, la surconfiance peut rendre les investisseurs réticents à admettre leurs erreurs, même en présence de preuves évidentes de mauvaises décisions d’investissement.

Cela peut conduire à une réaction tardive aux changements du marché, exacerbant potentiellement les pertes financières.

En conclusion :

Cet article a exploré les effets dévastateurs de la surconfiance sur les décisions financières, en montrant comment elle peut induire une prise de risque excessive, créer des illusions de contrôle, et brouiller l’évaluation de nouvelles informations.

La surconfiance peut nous rendre aveugles aux signaux d’alarme du marché et nous pousser à prendre des décisions basées sur des informations obsolètes ou incorrectes.

En prenant conscience de ces dangers, nous pouvons travailler à atténuer les effets de la surconfiance et améliorer nos décisions financières.

Pour cela, il est essentiel de rester humble, de rechercher activement de nouvelles informations, de constamment réévaluer nos croyances face à de nouvelles preuves, et de toujours garder à l’esprit les risques inhérents à toute décision financière.

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